HOPITAL : QUEL PLAN D'ECONOMIES ?
Quoi de nouveau au centre hospitalier depuis la dernière réunion du conseil d’administration le 30 octobre ? Le maire de Draguignan avait fait adopter une motion de défense du service de cardiologie dont le but était de faire oublier sa part de responsabilité dans le déficit de 3 millions d’euros accumulé par l’établissement qu’il préside depuis sept ans.
Une nouvelle réunion du conseil d’administration a lieu vendredi 21 décembre. Ce sera l’occasion de faire le point sur les actions entreprises depuis la séance précédente. Le vote de cette motion était censé déclencher de nouvelles négociations avec la tutelle, l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH). En réalité, il ne s’agissait que d’une mise en scène à deux sous.
A quoi bon en effet une motion pour permettre à M. Piselli, président, de demander à son directeur de ne pas supprimer de postes au service de cardiologie, alors qu’ils dirigent ensemble l’établissement ? A quoi bon une motion pour demander à l’autorité de tutelle, l’ARH, d’attribuer des moyens supplémentaires pour créer un nouveau service de gériatrie alors que cette demande avait déjà été rejetée lors de précédentes réunions de travail ? L’ARH a d’ailleurs réitéré son refus devant le conseil d’administration, le 30 octobre, compte tenu de l’important déficit de l’hôpital.
La tutelle ne fera plus de cadeau
Une grande incertitude pèse sur l'avenir de l'hôpital de Draguignan. Une seule chose est sûre: compte tenu de la mauvaise gestion passée, la tutelle ne fera plus de cadeau.
A la suite du conseil d’administration du 30 octobre, une lettre a été adressée au directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation par le directeur de l’hôpital et non par le président comme il l’avait annoncé. L’établissement dracénois y redemande des moyens supplémentaires pour ouvrir un nouveau service de gériatrie dans les locaux de l’aile nord récemment construits. Plus important, il sollicite l’intervention de sa tutelle pour l’aider à résorber son lourd déficit. Une sorte de SOS.
La réponse du directeur de l’ARH, datée du 15 novembre, est brève et sèche. Elle tient en deux points lapidaires.
D’une part, il renouvelle son refus catégorique d’attribuer des moyens supplémentaires pour régler les problèmes des services de cardiologie et de gériatrie. Il considère que des moyens financiers ont été déjà été attribués à cet effet à l’hôpital de Draguignan dans le cadre du « projet médical de territoire ». La question qui vient à l’esprit est alors : que sont devenus ces moyens ?
D’autre part, le directeur de l’ARH annonce qu’il a demandé à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) du Var d’analyser les mesures d’économies à appliquer pour redresser la situation financière de l’hôpital de Draguignan. « C’est uniquement en considération de discussion de ce type qu’une aide éventuelle de l’ARH pourra être envisagée ».
Si l’on décode le langage administratif, le message est brutal. On sent que l’ARH n’a plus confiance dans la gestion du centre hospitalier de Draguignan. Désormais, ce dernier doit d’abord donner des gages en prenant des mesures d’économies réelles et substantielles. L’attribution d’une subvention pour l’aider à retrouver l’équilibre de son budget est pour le moment bien incertaine. Il s’agit d’une « éventualité » seulement « envisageable ».
Bref, la motion de M. Piselli n’a fait ni chaud ni froid au directeur de l’ARH dont la position n’a pas évolué d’un iota.
Un plan d’économies négocié avec la DDASS
Que va-t-il se passer maintenant ? Comme l’en a chargé l’ARH, la DDASS du Var s’est mise au travail en vue d’arrêter un plan d’économies qui sera appliqué à l’hôpital de Draguignan.
Dans une lettre du 27 novembre, elle prend acte de l’accentuation déficit du déficit de l’établissement au cours de l’année 2007. Il est passé « de 2 millions d’euros à 3 M€, soit 4,78 % du montant total des produits, ce qui le situe au-delà des seuils de dégradation financière fixés par les textes ». En clair, les conditions sont réunies pour déclencher l’intervention de la Chambre régionale des comptes.
L’accentuation du déficit budgétaire a eu pour conséquence de réduire la capacité d’autofinancement de l’établissement et de ponctionner les dernières réserves financières déjà très sollicitées en 2006. Ainsi, le fonds de roulement est passé de 1,2 M€ à 427.000 € entre le début et la fin de l’année 2007.
En 2008, à la différence des années précédentes, le centre hospitalier ne pourra plus prélever sur ses réserves financières pour compenser le déficit de son budget. Cette solution de facilité est épuisée. L’heure de vérité est arrivée.
La DDASS attend de la direction de l’hôpital qu’elle lui propose un plan d’économies. A défaut, elle l’arrêtera elle-même. Certaines seront très douloureuses. Elles empêcheront probablement de répondre correctement à la demande de soins exprimée sur la Dracénie. Elles rendront sans doute encore plus pénibles les conditions de travail des personnels hospitaliers. Elles accélèreront les transferts d’activité et les regroupements favorables à l’hôpital de Fréjus-St Raphaël.
Mais tout cela n’arrive pas par hasard. Il est reconnu que la mauvaise gestion du centre hospitalier ces dernières années et plus particulièrement le dérapage considérable des travaux d’extension sont à l’origine de la gravité de la situation. La direction de l’hôpital a été en grande partie renouvelée. Le maire de Draguignan qui, en tant que président depuis 2001, détient une lourde part de responsabilité, est le plus mal placé pour négocier avec les autorités de tutelle.