PITEUSES MANŒUVRES (2)
Pour sauver son siège, le maire sortant utilise les associations financées par la Commune ou l’Agglomération. Dernière en date (mais non des moins choquantes) à être ainsi prise en otage : la Société d’entraide des Médaillés de la Légion d’Honneur. Cette pratique est complètement illégale.
Nous publions ci-dessous le texte de la lettre que le Général Alain Vigreux, membre de la liste municipale de M. Piselli, vient d’adresser aux adhérents du Comité de Draguignan et du Haut-Var de la Société d’entraide des Médaillés de la Légion d’Honneur, en tant que président de cette association locale, pour les inciter à voter pour le maire sortant aux prochaines élections municipales.
« Chers amis légionnaires,
J’ai l’honneur de solliciter votre soutien lors des élections municipales des 9 et 16 mars 2008.
J’ai accepté de prendre la présidence de notre Comité de Draguignan pour maintenir la dynamique imprimée par mes prédécesseurs. Afin de prolonger mon action, j’ai accepté de faire partie de la liste du maire sortant Monsieur Piselli, officier de la légion d’honneur, ce qui sera un levier pour faciliter mon mandat auprès de vous.
L’examen de toutes les aides et facilités apportées par Monsieur Piselli me permet d’affirmer que nous avons pu réaliser des opérations de prestige (assemblées générales avec dépôt de gerbes au monument aux morts, remise des prix de la légion d’honneur aux élèves méritants, participations à des cérémonies du souvenir…) empreintes d’un esprit de devoir envers nos camarades légionnaires.
En comptant sur votre soutien, je vous prie de croire à ma profonde amitié. »
Ce courrier adressé aux adhérents de l’association est illégal. La loi en effet interdit à un candidat aux élections de bénéficier directement ou indirectement des moyens de toute personne morale de droit privé ou public : entreprise, collectivité publique ou association. En l’occurrence, le Général Vigreux a utilisé le fichier de l’association dont il est le président pour relayer, auprès des adhérents de cette dernière, la campagne de M. Piselli dont il est colistier.
L’envoi de ce courrier est tout autant condamnable sur le plan moral. Son auteur détourne de son objet social l’association dont il a la responsabilité. Il politise son fonctionnement en faisant clairement peser la menace de la suppression des aides communales apportées à l’association dans le cas où la liste sur laquelle il figure ne serait pas victorieuse aux élections.
Ainsi, sans aucun fondement, il fait un procès d’intention aux autres candidats aux élections. Son raisonnement est court. Il se résume à « Moi ou le chaos ! ». Franchement, on pourrait s’attendre à davantage de sens moral de la part d’un militaire de haut rang et d’un dignitaire de la Légion d’Honneur.
A l’évidence le Général Vigreux n’a pas agi de sa propre initiative. Il n’est que le relais de l’une des piteuses manœuvres du maire sortant pour conserver son siège. Voilà un maire qui, une fois de plus, triche avec la loi au lieu d’être le premier à la respecter. Ajoutées à d’autres, cette nouvelle infraction constituera le moment venu un motif supplémentaire de rejet des comptes de campagne du maire sortant et, par suite, de son inéligibilité.